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Sagesse

Tout est sacré

Tout est sacré, et celui qui ne reconnaît pas cette sacralité en toute chose créée par l’Incréé est un sacré menteur ! À l’image de notre société moderne devenue une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure, où tout est mis en œuvre pour séparer l’homme de ses origines profondes et détourner son attention du sacré, de l’essentiel, au profit de l’éphémère.

Le sacré a pour tâche de servir d’intermédiaire entre Dieu et l’homme, entre l’éternel, l’infini et ce fini transitoire qu’est le monde matériel. Pourtant, rien n’est plus difficile que de faire accéder l’homme à la grandeur et au pouvoir exhaussant de la conscience spirituelle. La raison est que son mental et ses sens sont tournés vers le dehors, vers les appels extérieurs de la vie et de ses objets, rarement vers le dedans, vers la vérité qu’ils recouvrent. Cette vision, cette attraction extérieure forment l’essence de la force universelle aveuglante que la philosophie hindoue désigne par ignorance – mâya. La spiritualité de l’Inde reconnaît que l’homme vit dans l’ignorance et qu’à travers ce qu’elle indique imparfaitement, l’humain doit être mené vers la connaissance la plus haute et la plus profonde. L’existence humaine se meut entre deux mondes : celui des profondeurs de son être intérieur et le champ superficiel de sa nature extérieure. Les hommes portent majoritairement leur attention sur la vie extérieure, fort peu sur leur existence intérieure. Ils vivent en grande partie dans la conscience dite de surface. Même les esprits qui, sous la puissante influence de la pensée et la culture, réussissent à s’arracher au moule grossier du vital et du physique ordinaires, ne s’intéressent guère qu’à ce qui touche au domaine mental, et ne cherchent rien au-delà. Le plus haut sommet qu’ils atteignent consiste à choisir de vivre dans le mental et les émotions plutôt que sur le plan vital (manger, dormir, se défendre et se reproduire). L’Occident persiste à confondre la spiritualité avec les lois de la gnose (vérité intellectuelle), les lois de la spéculation philosophique (raison et volonté éthiques), ou encore les lois de la beauté esthétique (art, écologie, humanisme), voire les lois des trois réunies. La connaissance spirituelle perçoit qu’il est en nous quelque chose de plus grand. Notre moi le plus profond, notre être vrai, n’est ni l’intellect, ni le mental esthétique, éthique ou pensant, mais l’âme individuelle composée d’éternité, de connaissance et de félicité (sat-chit-ananda) et l’esprit lui-même, cette divinité intérieure sur laquelle les yogis méditent dans leur sacré-cœur. Partir à la découverte de notre être en vérité, de nous-mêmes au-delà du corps, du mental et de l’intellect, est la nécessité première et le but de l’existence humaine. De ce fait, les vérités du cœur, qui ont fait dire à Pascal : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point », sont les représentations de notre discernement et de notre clairvoyance. Pascal dit également : « Le cœur ne se trompe jamais. Au plus profond de lui, il sait. C’est ce qui pollue, parasite ou obscurcit le cœur qui nous amène à l’erreur. » Tout comme ce philosophe qui eut cette révélation mystique pour balayer le parasitage de son cœur et apprendre à l’écouter, apprendre à écouter la vie dans le sacré, il est impératif d’apprendre à ne pas écouter les bruits de la raison qui cherchent à s’opposer à notre cœur. La raison se doit de n’être qu’un simple instrument pour exprimer ce que nous dit notre cœur pour que ce soit universellement acceptable et transmissible ; à l’exemple des maîtres réalisés qui enseignent les savoirs et les vérités du cœur. Structurellement, la raison devrait être seconde dans tout ce que nous entreprenons. Mais souvent, elle entre en conflit avec les sentiments de l’âme. Elle nie les évidences et se pose en tyran pour en quelque sorte détruire les vérités du cœur.

Parce que certains hommes de religion ont bafoué les raisons et les sentiments du cœur des hommes et des femmes, le profane s’appuie sur cette raison pour s’opposer au sacré, pour renier ou diluer la religion du cœur qui consiste à aimer et servir notre créateur, l’Amant suprême. La raison se nourrit de nos angoisses, de nos peurs d’être de nouveau trompés. Ce traumatisme emploie la raison pour essayer de rejeter le sacré, de prouver qu’il n’y a pas de Dieu, de transcendance, d’éternité chez l’être. À la faveur de cet éclairage, comprenons que notre raison, qui dépend de nos expériences passées, n’est pas toujours objective. Tel est notre conditionnement : conférer à la raison un pouvoir qu’elle n’a pas, car « ce qui est de plus vrai est ce qu’il y a au fond de nous et c’est le plus difficile à entendre », dirait Pascal. Le cœur profond est notre conscience innée et transcendante. Mais la raison, mise en première position par l’actuel système éducatif économico-empirique, place un voile sur la lumière de l’être sacré que nous sommes. Cette déraison nous entraîne dans les illusions du monde profane avec ses divertissements qui détournent notre être de ses aspirations profondes. Et nos ombres – peurs, stress, finitude, etc. (en quelque sorte le mal moderne…) – ont tout le loisir pour apparaître. Le brouhaha mental jamais satisfait, toujours en manque, fait « que l’homme ne sait pas se tenir en repos dans une chambre », comme l’exprime Pascal. Ce brouhaha mental, plein d’inquiétude, nous empêche de faire l’expérience de la quiétude, du repos de l’âme.

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